Il y a matière en 2020 à accélérer des actions laissées de coté actuellement alors qu’elles peuvent répondre efficacement à nos préoccupations de changement d’économie

– Wikipedia est le 5ème site mondial, un projet à l’impact colossal qui répond à un enjeu gigantesque : L’accès à la connaissance pour tous. Le site est gratuit et sans pub pour tous, chacun peut participer à la gouvernance, le projet n’a ni capital ni dette et est peu énergivore. Wikipedia fonctionne très bien et ce n’est pas près d’être remis en cause. En existant, Wikipedia évite la concurrence de centaines d’entreprises ou collectivités ou associations qui se débattraient pour produire de coûteuses encyclopédies sans doute payantes ou pleines de publicités, à l’image des encyclopédies papier vendues à l’époque au porte à porte … Nous comprenons ce que nous évite Wikipedia quand nous regardons comment cela se passe pour l’accès à la musique ou la vidéo en ligne avec l’infinité de plateformes en guerre pour juste être le diffuseur de contenu… Pourtant, le modèle de production et économique de Wikipedia est bien éloigné de celui de la plupart des organisations dites classiques (que ce soit ESS ou Startup ou gouvernementales) et n’est absolument pas enseigné en écoles de commerces (un tout petit peu en économie sociale ou solidaire peut-être ?).

– Lichess.org, lancé par un français, est le second site « mondial » de jeu d’échec en ligne. 1000 ème en fréquentation. Le site est aussi gratuit et sans pub pour tous, sans dette ni capital, où personne ne s’enrichit de manière outrancière tout en payant les contributeurs principaux. Chacun peut participer au projet. Comme Wikipedia, son modèle de production et économique est à mille lieux de celui dit classique. Inimaginable pour beaucoup, or des radars des réussites françaises pour un superbe service rendu au monde…

Pour chaque usage, chaque service, des personnes suivent le même modèle de production que Lichess.org ou Wikipedia pour fournir de plus en plus de services, accessibles à tous, évitant la concurrence, favorisant la collaboration mondiale. Ce modèle est celui de la contribution autour de « communs » ouverts et partagés. L’atelier Paysan tente la même chose pour les machines agricoles. Openstreetmap pour la cartographie, Communecter pour la vie citoyenne et locale, Coopcycle pour la livraison à vélo. Linux pour les systèmes d’exploitation, Liberapay pour les dons en ligne récurrents, Peertube pour la vidéo en ligne, BrewPi pour la gestion d’une brasserie, etc… La liste est longue mais c’est à chaque fois ce modèle de production économique très « décalé » qui est mis en place. Toutes ces démarches sont en train de se relier, s’identifier, s’entraider, s’outiller. Nous savons de plus en plus rapidement vers quoi contribuer et vers quoi se fédérer, et c’est très bon signe. De plus en plus de personnes travaillent en priorité pour « faire avancer les communs » et leur donner sens sur leurs territoires plutôt que de prioriser leur travail pour une organisation ou une entreprise spécifique. L’un et l’autre étant par ailleurs parfaitement complémentaires si toutefois l’entreprise développé son activité en utilisant et contribuant à des communs.

Il y a dans cette longue liste un service qui est peut-être celui le plus essentiel à rendre accessible à tous, gratuitement, équitablement, sans non plus créer de dette ni favoriser une minorité : c’est le service « monétaire ». Pour ne pas perdre trop de temps avec les cryptomonnaies, ces € ou $, visa ou mastercard, paypal et autre, basés sur des logiques si « classiques » et donc si inégalitaires, concurrentielles et consommatrices de ressources humaines et environnementales.

Et là aussi, depuis 10 ans, des personnes ont travaillé des milliers d’heures bénévoles (à défaut de rémunérer ces professionnels) à consolider une proposition, en développant une monnaie dite libre. Celle-ci n’est pas encore arrivée au niveau de Wikipedia ou de Lichess ou Linux en terme d’accessibilité ou d’usagers. Mais c’est clairement parti pour vu l’avance qui a été prise par ce projet collectif (comme Wikipedia en son temps…).

Et comme ils disent dans une vidéo d’explication sur le site du projet, si cela fonctionne «  »on verra peut-être des productions humaines complètement inimaginables » .

Cette approche économique est encore si peu présente dans la tête de la majorité des économistes et politiques, même si beaucoup sont déjà au cœur de nos vies (Internet en est un, bien que malmené dernièrement). Si cette monnaie fonctionne, et si les acteurs comprennent l’enjeu économique et écologique des communs, ce sont tous ces modes de faire cités ci dessus qui s’accéléreront et des milliers d’autres pour une société basée sur des solutions ouvertes et partagées plutôt que cette épuisante compétition mondiale, si énergivore…

Bref, tout un programme 😉

Meilleurs voeux 2020 !