Le fonctionnement par « partis » n’est il pas incompatible avec cet enjeu de redonner le pouvoir aux citoyens ? En particulier quand ces citoyens cultivent et développent des biens communs qui transcendent les logiques de compétition, les enjeux territoriaux, et nécessitent une redistribution du pouvoir ? Soit l’opposé à priori du fonctionnement d’un parti ?

Or seul un parti peut remporter une élection aujourd’hui.

Aussi, si un seul de ces partis, pour être crédible face à ces citoyens, pouvait faire campagne sur les garanties qu’il donnera pour soutenir ces « choses qui leur sont communes », peut-être que nous observerions une remobilisation politique dans le vote, mais aussi et surtout dans ces communs qu’il faut faire renaître :

« L’air, l’eau, les savoirs, les logiciels et les espaces sociaux, et bien d’autres choses qui rendent possible la vie quotidienne et le bon fonctionnement de l’économie. De nombreux biens communs sont cependant menacés – ils sont ôtés à la collectivité, commercialisés, détruits de manière irréversible.

Au lieu de cela, ils devraient être cultivés et développés. Nous avons besoin d’une nouvelle conscience de l’importance de ces « choses qui nous sont communes ». Sans eux, il n’y a en effet pas de bien-être et pas de prospérité possibles. Les biens communs ont besoin d’hommes et de femmes qui soient prêts à les défendre et qui s’en sentent responsables. De nombreux problèmes de notre époque pourraient être résolus si nous dirigions l’énergie et la créativité dont nous disposons vers ce qui fonde notre richesse, ce qui fonctionne, et ce qui aide les hommes et les femmes à développer leur potentiel »

D’après Biens communs, La prospérité par le partage, Helfrich,Silke, Sachs Wolfgang, Kuhlen Christian. Licence BY.Sa.

Les garanties à nous donner pourraient être l’ouverture des processus de décision, la réduction du rôle décisionnaire des élus politique pour laisser la place à l’avis des collectifs citoyens impliqués autour de ces biens communs.  Cela pourrait passer par l’ouverture du fonctionnement de la collectivité pour permettre des espaces d’implication dans les projets que les élus développent. Cela éviterait la mise en concurrence avec les biens communs développés par des collectifs citoyens (par exemple, des citoyens qui développent bénévolement une cartographie open source pensée comme un commun et à côté l’Etat qui finance une cartographie propriétaire) . Ces garanties pourraient aller jusqu’à proposer l’ouverture de certains lieux de travail de l’institution publique. Une garantie pourrait être celle d’agir en tant qu’élu indépendamment de ce que penseront les lignes directrices de leurs partis au niveau national, indépendamment des enjeux électoraux ou personnels des dirigeants politiques. Les prochaines élections devraient peut-être s’attaquer à la forme de l’action politique si ces partis souhaitent le vote de ceux qui abandonnent leur forme actuelle. Si ils souhaitent le vote de ceux qui sont engagés dans ces projets citoyens, exemplaires d’une démocratie vivante, et souvent plus efficaces que les actions politiques pour faire converger autour d’un projet. Mais aussi gagner le vote des désillusionnés, qui trouveraient des espaces d’implication (et pas juste consultatifs) leur permettant de croire à nouveau en la politique.

Surtout, cela permettrait aux partis qui souhaitent cette redistribution du pouvoir (ils ne sont pas nombreux, ils se reconnaîtront) de partir ensemble, puisque tout débat sur le fond qui les fait diverger aujourd’hui n’aurait plus lieu d’être. En effet, une fois élus, ils ne seraient plus les décideurs mais juste les représentants des décisions et les soutiens de l’implication des citoyens dans la démocratie.