Résumé : L’innovation devient plus ascendante (adoption et mise en place des services par les usagers eux-mêmes) et sociétale (le processus apporte de la valeur dans les organisations sociales plutôt que juste au niveau technologique).
Qu’est ce que l’innovation ?:
Commençons par le commencement, la définition de l’innovation :
Wikipédia : « l’innovation est la capacité à créer de la valeur en apportant quelque chose de nouveau dans le domaine considéré tout en s’assurant que l’appropriation de cette nouveauté se fasse de manière optimale. ».
Trois piliers favorisent l’innovation :
– la créativité (génération de nouveautés)
– la valeur (d’estime, d’usage et d’échange).
– l’appropriation / la socialisation (maîtrise de la conduite du changement)
Que se passe t’il actuellement ?
Aujourd’hui, nous expliquons qu’il se passe des changements très importants au niveau de ces 3 pilliers :
Des changements au niveau des domaines où la valeur est crée :
-> Il n’y a pas que de l’innovation crée dans le domaine technologique (au sens technologies de l’information et des télécommunications). Il y a aussi d’autres domaines où l’innovation apporte de la valeur, par exemple dans le domaine organisationnel (innovation de gouvernance, de mode de travail), juridique (développement des creative commons, du copyleft, etc…), sociétal (innovation démocratique, monétaire), etc…. Ces innovations, bien que très influencées par l’innovation technologique (en particulier les technologies relationnelles – réseaux sociaux, téléphonie mobile – et par les pratiques liées – collaboration) n’utilisent pas toujours la technologie pour se mettre en place. La plupart d’entre elles apportent de la valeur dans nos modes d’organisations sociales, c’est le cas par exemple avec le covoiturage, le coworking, le couchsurfing, les monnaies complémentaires, etc…sans pour autant innover en matière technologique.
Des changements sur la manière avec laquelle l’innovation se crée et est appropriée :
Il y a de plus en plus de place pour une innovation ascendante, qui provient d’usagers qui créent, adoptent et diffusent de nouveaux services.
Au niveau de la création, elle se fait de moins en moins par le processus traditionnel (investissement lourd dans la recherche). En effet, la création est plus que jamais entre les mains des usagers, qui disposent aujourd’hui d’outils très puissants pour créer (on parle beaucoup des « créatifs cultures », etc, à ce sujet).
Pour la diffusion et l’appropriation, d’autres méthodes que les grandes campagnes de marketing se développent (in wikipédia, ni Google ni facebook par exemple n’ont fait de pub). Deux raisons à cela : une large diffusion grâce à l’internet et de nouveaux modèles économiques pouvant rendre viables des approches nouvelles qui ne l’auraient pas été sans eux. Jean Michel Cornu : « Le web a été un facteur déterminant dans la diffusion des créations et leur appropriation, au point qu’il y a eu plus d’innovations depuis la naissance du web en 1993 jusqu’à nos jours qu’entre le début de l’humanité et l’arrivée du web »…
Que peut nous apporter cette innovation ?
Cette innovation crée de la valeur qui fait sens pour la société. Elle est plus ascendante et donc adoptée par ses usagers, plus « sociale » (au sens sociétal), participant ainsi au développement d’une société plus en lien avec son environnement global.. Des projets sur ce type de modèle se développent par centaines ces dernières années, et se répartissent sur des enjeux aussi variés que la santé, le logement, l’alimentation, l’éducation, la démocratie, la finance, etc… Ils introduisent de nouvelles pratiques sociales comme le partage avec son voisinage, les contributions libres autour de projets de communautés, l’accès à une démocratie participative, la consommation collaborative (covoiturage, location entre particuliers, etc..), des échanges de services et de biens au niveau local, le financement participatif, etc… Les projets qui favorisent ces pratiques nous donnent des pistes intéressantes pour réapprendre à faire société et mieux vivre ensemble.
Par ailleurs, ces nouveaux projets proposent bien souvent des services très accessibles pour la plupart des usagers, ce qui leur donne quasiment un rôle de service public. Cela est dû aux modèles économiques très disruptifs qui se basent sur la mutualisation des coûts (une partie des utilisateurs paye, soit par du don, soit par des services spécifiques autour du projet).
Par cette innovation, l’individu devient plus autonome et créatif car il a la possibilité de devenir à la fois le concepteur, le contributeur, l’usagé du projet… Il est ainsi capable de se sentir très associé au projet, et cela facilite sa compétence à développer du savoir, qui permet dans le même temps, de se grandir soi-même et de rendre plus puissant le projet au sein duquel il contribue. Exemple : Un personne qui développe une application pour mieux gérer un système de vélo ouvert d’une ville fait alors preuve de créativité pour améliorer le service, développe un sentiment d’association au projet, et met en place un savoir-faire en le réalisant, tout en permettant au système de vélo de la ville de s’améliorer.
Que peuvent faire les acteurs intéressés par cette innovation pour l’améliorer ?
Pour favoriser cette innovation ascendante qui fait sens pour tous, ceux ayant les moyens et l’envie d’aller dans cette direction (l’acteur public par exemple) doivent être présents pour inciter les porteurs de projet de ces nouveaux services à se baser sur des logiques neutres et ouvertes.
Pour favoriser ce type d’innovation, il faudrait inciter les projets à se baser sur :
– Une technologie libre (indispensable pour créer la confiance autour de l’objet, et mutualiser les coûts de développement)
– Des données ouvertes et aux standards (pour favoriser la collaboration et le passage à l’échelle des communautés d’usagers). Cela évite que les projets prennent en otage leurs usagers.
– Une gouvernance du projet transparente et ouverte à la communauté autant que possible, pour favoriser l’implication et que, du jour au lendemain, les personnes à la tête du projet ne décident pas des grands changements de direction sans l’avis des millions d’usagers. (Exemple : que se passe t’il si facebook devient payant demain ? si un site de covoiturage décide de revendre les données utilisateurs ?, etc).
– Un statut juridique qui protège les usagers (ex, couchsurfing est passé d’une association ouverte à tous à une société appartenant à quelques personnes, alors même que le projet a été développé grâce à des dons et des contributions de nombreuses personnes de la communauté).
– Des modèles économiques qui permettent la collaboration autour du projet social . Par exemple, les acteurs publics sont forcés de développer à nouveau des plateformes concurrentes aux sites actuels de covoiturage car il n’y pas eu de libération du code ou d’ouverture des données de transport autour de standards communs, ce qui est très pénalisant pour les usagers (en terme de coûts et de passage à l’échelle de la communauté). Cet aspect ne doit pas empêcher des modèles économiques classique très pertinents de se développer autour de ces projets (Voir l’exemple dans le logiciel libre, par exemple la société canonical qui développpe Ubuntu).
La constitution de ce type de projet ouverts et neutres facilitera l’adoption par une très large communauté, qui peut être composée du secteur non lucratif, institutionnel, privé, et de personnes, etc… Plus l’adoption du projet sera forte, plus vite il se développera, facilitant ainsi la mise en place de nouvelles pratiques sociales, et donc impactant au niveau social, économique ou environnemental.
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