Vous entrez dans une entreprise, vous y travaillez avec vos compétences et sur les sujets qui vous passionnent. Au bout de quelques journées, c’est vous qui décidez de la part qui vous revient par rapport aux bénéfices globaux… Et les bénéfices ne seraient pas liés aux produits vendus puisqu’ils seraient gratuits, mais dépendraient des dons que les clients feraient à l’entreprise. Tout le fonctionnement de l’entreprise serait ouvert et transparent. Toutes ses productions seraient sous licence libre, permettant à chacun de les copier.

Difficile à imaginer ?

Pourtant, c’est comme cela que fonctionne gittip. Les utilisateurs choisissent le prix qu’ils souhaitent donner au service en faisant un don, et les contributeurs choisissent combien ils souhaitent être payés. Ils définissent leur rémunération par rapport à la somme d’argent gagnée en dons sur gittip. Tout le fonctionnement de l’organisation est public et toutes les productions sont sous licence libre, dont le logiciel disponible sur github.

gittipp

 

C’est le mode de rémunération qui est le plus étonnant dans le modèle Gittip. Je cite, depuis l’article d’Andrew Leonard :

Whitacre is describing the most unusual compensation system I’ve ever heard of. Every week, a few hundred dollars arrive in the main Gittip account, earmarked for the operation of Gittip. Gittip’s employees then choose for themselves how much they deserve to be paid.The operating principle, says Whitacre, requires finding the “balance point between resentment and guilt.”“If the developers take less than they feel they deserve they’ll be resentful of their co-workers,” explains Whitacre. “But if they take more, they’ll feel guilty.”The only answer is to find that perfect medium of contentment!

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Chacun ajuste la somme qu’il souhaite recevoir par semaine suite à sa contribution au développement de Gittip, par rapport à la somme collectée.

Gittip propose à tous les projets qui le souhaitent d’adopter le même fonctionnement en utilisant la plateforme, à travers le service qu’ils proposent gratuitement. Si l’on imagine l’adoption de ce mode de faire pour de plus en plus d’organisations, c’est de moins d’argent dont on va avoir besoin, puisque plus de choses seront gratuites et pensées en biens communs… Et c’est de chômage dont on va entendre moins parler, puisque chacun aura le droit de travailler dans ces organisations…

Imaginons que l’on se mette à créer plus d’entreprises sur ce modèle : De plus en plus de services et de produits seraient librement accessibles à tous, pensés comme des biens communs, appropriables sur le long terme, réplicables facilement puisque toutes les sources seraient ouvertes.  Pour chaque produit, l’ensemble des usagers serait capables de se réunir pour essayer de l’améliorer, car tout le monde en aurait le droit et personne ne profiterait plus que d’autres de la valeur produite. Beaucoup plus efficace et moins coûteux pour l’usager que le modèle actuel d’une compétition entre des milliers d’entreprises fournissant au final plus ou moins la même chose, sans toujours reverser les bénéfices aux usagers souvent captifs. Chaque contributeur au projet pourrait travailler et demander sa rémunération (ou pas).

A vrai dire, beaucoup de projets fonctionnent ainsi, comme Wikipédia qui a réussi à réunir le monde entier autour d’une seule plateforme plutôt que les concurrentes précédentes. Mais Wikipédia n’a fonctionné qu’avec des gens ayant du temps pour contribuer, et qui pouvaient le faire car ils avaient une rémunération. Si maintenant des personnes arrivent à vivre de ce type de modèle, est-ce que cette manière de construire des projets ne va pas s’accélérer ?

Plus d’infos sur gittip :